L’ Absente de Lionel Duroy
‘’ Ma femme préferée c’est l’écriture ’’
L’écriture de Lionel Duroy me touche profondément.
Instrument de survie, certains la jugent impudique, voire violente …
Il est vrai que dans chacun de ses livres, Nicolas Duroy dissèque, explore avec une honnêteté déroutante les strates de sa vie familiale et conjugale qui font de lui aujourd’hui l’homme qu’il est devenu…
Véritable auto-analyse, personne n’y est épargné… l’auteur creuse là où ça fait mal en revenant inlassablement sur ses traumatismes, ses chagrins, ses peurs…
Tout ça dit-il pour mieux comprendre et pour vivre avec …
‘’ S’il ne pouvait plus écrire, il y a longtemps qu’il serait mort et cela en dépit du chagrin qu’il causerait à ses enfants ’’
J’aime la franchise de Lionel Duroy, sa littérature très personnelle…
Si souvent l’errance et les lieux qu’il visite ont une importance fondamentale pour comprendre ses états d’âme, l’Absente est le premier de ses livres à travers lequel je sens enfin une voie vers l’apaisement , une forme de réconciliation avec son histoire familiale si lourde à porter.
Jusqu’à ce livre, Augustin, le double de l’écrivain, n’avait éprouvé que du mépris pour sa mère.
Qui était elle vraiment ???
Une femme hystérique dont l’unique souci de briller et sa honte d’être tombée si bas, ont saccagé toute son enfance…??
A travers ce voyage initiatique Augustin approche pour la première fois de plus près la souffrance de cette femme, jusqu’alors véritable inconnue à ses yeux…
Enfance gâtée, choyée et mondaine, fascinée par le luxe, coincée dans le souci des apparences, le culte du paraître, l’importance de « tenir son rang » celle-ci n’a pu supporter l’expulsion de sa famille harcelée par les huissiers, puis la vie dans des cités ouvrières.
Issue d’une famille noble désargentée avec des idées d’extrême droite..l’auteur va prendre petit à petit conscience de la solitude de sa mère et de l’abandon de cette famille aux idées « arrêtées « qui n’est jamais venue à leur secours…
Confronté à des évènements lui rappellant étrangement ceux de son enfance, il parvient à aborder la folie de sa mère, jusqu’à présent infranchissable.,. ..le ramenant petit à petit à se réconcilier avec cette dernière et par la même occasion avec lui même.
Auto-portrait plus apaisé , rédemption enfin envisageable, pour un homme torturé que le destin n’a pas épargné, …
On ne peut que lui souhaiter un peu de repos…un peu de bonheur…
A liiiire…