… mais la vie continue de Bernard Pivot
‘‘ Quand on vieillit, la moindre courbature ou la moindre insomnie, alerte.’’
‘‘ On vit avec son corps comme jamais auparavant. Il ne vous suit, ou peut-être ne vous précède plus.’’
Personnage incontournable du monde du livre en France, Bernard Pivot a enchainé la présentation d’émissions dédiées à la littérature, Apostrophes et Bouillon de culture en tête.
Lui-même auteur, il rejoint l’Académie Goncourt en 2004 avant de prendre la présidence du célèbre prix littéraire en 2014. En 2019, il décide de quitter la prestigieuse institution du Goncourt. Il prend du recul par rapport au monde professionnel, connaît quelques problèmes de santé, et se consacre à l’écriture de son livre.
Aujourd’hui âgé de 85 ans et après un parcours bien rempli, Bernard Pivot s’interroge sur la question de l’âge dans son nouveau roman intitulé « … mais la vie continue ».
L’histoire est celle de Guillaume Jurrus, double de l’auteur, qui raconte avec délicatesse et pudeur son expérience du grand âge.
Guillaume, 82 ans, et sa bande des Jeunes Octogénaires de Paris se réunissent quand ils le peuvent.
Le temps qui leur reste, ils veulent en profiter avec leurs potes tous plus attachants les uns que les autres. Véritables jouisseurs, ils prennent un véritable plaisir à se voir, à partager des moments ensemble, à rire et surtout ils restent curieux du monde qui les entoure.
Avec beaucoup d’humour, Guillaume livre au lecteur ses petits bobos du moment, en restant positif, réalisant la chance qu’il a d’être encore en vie.
Tant que les 4 cavaliers de l’apocalypse -Cancer, Infarctus, Avc et Alzheimer ne les ont pas atteints, leur devise est de profiter de l’instant même puisqu’à leur âge, plus besoin de courir après le temps.
Ils en disposent à leur guise ce qui leur permet de gérer les choses autrement. Pour reprendre une phrase de Guillaume :
‘’ A long terme, je n’ai plus beaucoup de temps, à court terme, jai tout mon temps. ’’
Lire un bouquin, contempler un tableau, savourer le temps qui passe sans se presser, jouir de petits plaisirs tout simples, profiter en étant un peu plus égoïste, et se recentrer sur soi-même, telle est la devise de Guillaume Jurrus.
‘’ La gaité, le rire sont les seuls moyens de surmonter les épreuves du corps. Ce sont des médicaments à notre portée ».« reste un sentiment jeune même si on est vieux.’’
L’amour
‘’ reste un sentiment jeune même si on est vieux.’’
‘’ On ne peut s’alléger de l’amour même en étant vieux. La chair est toujours là, palpitante.’’
Guillaume et ses amis, n’entendent pas à leur âge faire abstraction du plaisir charnel.
‘’ Faire l’amour à 80 ans « est un supplement de vie, qui, à chaque fois, est comme un moment d’invincible éternité.’’
En tant que lectrice, et approchant moi-même de la cinquantaine, j’ai beaucoup aimé ce livre pour cette façon positive d’aborder le troisième âge. Le positivisme, la bonne nature de Guillaume Jurrus/Bernard Pivot démistifient cette vieillesse qui me/nous fait tant peur.
J’ai lu ce livre comme un petit guide du bien vieillir lucide, teinté d’humour et de malice. Le corps et la santé occupent une grande place dans ce récit. J’ai aimé le ton qu’emploie Guillaume devant le monde qui l’entoure. Il ne le condamne pas en proclamant haut et fort «c’était mieux avant !».
Pour lui, pas de nostalgie par rapport au passé, c’est juste différent aujourd’hui. Toutes les époques se valent. Une attitude qui le rend philosophe par rapport à notre l’époque actuelle, ce qui lui permet de rester ouvert et curieux face au monde qui l’entoure.
‘’ On a tendance en prenant de l’âge à se confiner dans son propre corps. Au contraire, il faut continuer à écouter le monde, à avoir l’esprit vif et, quand on le peut, l’esprit joyeux. ’’
Le portrait que Guillaume dresse de ses amis, les Jeunes Octogénaires Parisiens, est touchant.
Il y a Nona, la nonagénaire, vieille dame pleine de fantaisie, de curiosité, de gourmandise et de coquetterie. Mais il y a aussi Octo, son ami le plus proche, ou encore Coco Bel-Oeil, qui ne cesse de les surprendre par ses conquêtes féminines. Tous ces personnages avec leurs défauts, avec leurs obsessions et leurs manies me touchent en temps que lectrice, je me reconnais parfois en eux.
Vous l’aurez compris, la vieillesse n’a pas à être synonyme de déclin ou de nostalgie.
Une belle leçon de vie.
Merci Monsieur Pivot