"Mon père était comme un gamin".

C’est l’histoire d’un père et d’un fils qui aura duré 41 ans. .
L’histoire compliquée d’un homme tyrannique à la réputation sulfureuse : Hunter S.
Thompson, génie littéraire, journaliste free-lance, carburant à l’alcool et aux
drogues et menant une vie complètement débridée.
Hunter vivait réellement les histoires qu’il racontait avant de les coucher sur papier.
Il était un auteur à l’écriture très personnelle.
Son style, « le style Gonzo » rédigé en prose brute et puissante lui vaut d’être
inimitable .
Avec Hell’s Angels, et surtout Las Vegas Parano il rejoindra rapidement le panthéon des
plus grands écrivains de son époque.
Ce qui m’a intéressée dans ce livre c’est surtout l’homme qui se cache derrière cette
image outrancière , et que son fils va nous conter brillamment .
Comment grandir à côté d’un génie littéraire à l’ego surdimensionné ?
Comment se construire face à un personnage si complexe qui n’a jamais rempli son rôle
de père , qui ne lui a jamais donné un enfance structurée, rassurante ?
L’auteur n’en est pas aux règlements de comptes, au contraire.
On sent chez Juan F. Thompson le travail sur lui-même qu’il a du entreprendre pendant
des années pour parvenir à pardonner ce père maudit et à comprendre qu’à sa façon,
son géniteur l’aimait .
Véritable naufragé d’une déroute familiale, il mettra des années à comprendre les
colères homériques de cet homme causées par l’alcool.
Colères qui l’ont tant traumatisé.
Incapable pendant 20 ans de tisser des liens normaux avec qui que ce soit, ayant vécu
si longtemps dans une cage , il se comportera, une fois celle-ci enlevée « comme ci les
barreaux étaient toujours là .»
Maladivement timide, se sentant terriblement gauche parce que traumatisé par ce père
qui l’a constamment terrorisé, il vivra longtemps dans une grande solitude .
Néanmoins avec le temps, viendra le pardon.
Entouré des amis de son père dont certains prendront soin de lui et joueront parfois le
rôle de père de substitution en étanchant sa soif de stabilité, il va chercher à
comprendre ce père qu’il a tant détesté.
Après le suicide de celui-ci , en fouillant dans ses lettres et archives, il comprendra à
quel point son père était préoccupé par sa scolarité, empruntant par ci par là de l’argent
quitte à faire de réels sacrifices, afin que jamais rien ne lui manque.
Handicapé de la parole au point de ne pas parler de ses émotions , se sentant surement
coupable mais incapable de s’excuser , Juan apprendra avec les années à faire le deuil
de ce père tant désiré et à l’accepter tel qu’il était avec ses failles, comprenant qu’il ne
pouvait pas faire autrement.
C’est en parlant avec les compagnes et les amis de son père qu’il apprendra beaucoup
sur cet homme si pudique qui ne posait jamais de questions mais observait tout .
Une de leurs activités qui perdura jusqu’à la fin consistera à nettoyer les armes à feu de
Hunter, chaque pièce étant récuré à fond .
Content que son père lui accorde de l’attention, Juan finira par comprendre par quel
moyen ce « monstre de père » aura essayer d’entretenir des liens affectifs avec lui
d’autant plus que la parole n’aura jamais été présente entre eux.
S’il est vrai qu’il n’y a rien de plus grand que de savoir pardonner, surtout à ses parents ,
afin de vivre paisiblement, je trouve Juan trop complaisant, face à ce père, qui pour moi ,
a été un véritable monstre d’égoïsme , privilégiant ses envies, au point de détruire
tout sur son passage ..
je serai curieuse d’avoir votre avis .
A méditer …