Untitled

Née dans une famille pauvre, originaire de Baltimore, elle correspond parfaitement à l’image des
jeunes qui, en 68, quittent le domicile parental pour vivre pleinement l’aventure des hippies à Haight-
Ashbury et gouttant à tous les excès de l’époque.
Un peu dingue, un peu déjantée, Cookie Mueller fait partie de ces étoiles filantes, qui, vécurent à
100 à l’heure sans jamais se soucier du lendemain.
Entourée d’amis qui ont marqué l’histoire de l’art, du cinéma, de l’écriture, Cookie a toujours vécu
dangereusement.
Sa vie ressemble a un film tant ses aventures sont souvent loufoques.
Ce livre nous plonge dans cette ambiance si particulière qu’était le monde de la nuit des années 70.
Guidée par son éternelle curiosité et son appétit de vivre, la jeune Cookie s’est souvent laissée
entraîner dans les situations les plus rocambolesques, ce qui fait d’elle un témoin privilégié de
l’insouciance et de la liberté d’esprit qui régnait dans les années 70 avant l’apparition du sida.
L’héroïne partage les mêmes planques, les mêmes soirées déjantée que des célébrités
comme Robert Mapplethorpe, Andy Warhol, Nan Goldin, pour qui elle posera pendant des
années, tout en assistant la célèbre photographe dans son travail.
Dans les années 80, elle sera l’une des premières, après son compagnon, le célèbre artiste
Scarpetti, à succomber.
Ce qui rend son histoire personnelle tellement passionnante, est que Cookie a eu mille vies.
Elle exerce plusieurs métiers et côtoie les gens les plus différentes et originaux : tantôt strip-teaseuse
(go-go dancer), écrivain, performeuse, dealer, serveuse dans un bar, critique d’art, elle travaillera
également en tant qu’actrice pour le célèbre cinéaste underground John Waters.
Il dirige l'actrice dans 4 films, Multiple Maniacs, Pink Flamingos, Female Trouble et Desperate
Living.
Cookie Mueller fait partie des « Dreamlanders », muses de John Waters, et se fait ainsi connaître
dans le milieu «arty» des années soixante dix.
Rédigé dans les années 80, « Walking Through Clear Water in a Pool Painted Black" ( « Comme une
version arty de la reunion de couture »), le livre est édité en 1990 aux Etats-Unis.
Largement autobiographique, il réunit une série de nouvelles souvent trash et provocantes sur le
New York underground de cette époque.
Ces écrits sont le récit de la vie marginale de l'artiste, même si elle parle très rarement de la drogue
qu’elle consomme, et de ses différents partenaires.
L'ouvrage est publié pour la première fois en France en 2017 aux éditions Finitude.
Cookie Mueller a un véritable talent d’écrivain. C’est ce que j’ai aimé.
L’enthousiasme qu’elle manifeste, et surtout la curiosité pour le travail des autres, témoigne de sa
sensibilité vis-à-vis du monde qui l’entoure.
Le chapitre consacré au travail de Jean-Michel Basquiat et à sa personnalité mélancolique, est
touchant .
Très vite, elle ressent et comprend le mal être de ce personnage, ses humeurs chagrines:
« il n’était pas fait pour vieillir."
"L’ivresse des profondeurs s’est rappelée à lui et il a succombé sans souffrir.
Comme le plus grand, le plus pur et le
plus torturé des artistes sensibles, il est mort sous les projecteurs illuminant sa propre célébration. Et
une fois encore, il s’est éclipsé comme la brise.
La chanson « c’est ma fête , je peux faire ce que je veux, même mourir » passait ce soir
là ".
La vie et sa la mort de Cookie Mueller seront repris dans le célèbre recueil de la photographe
américaine « Ballad sexual dependency » de Nan Goldin témoignant d’une époque révolue, où la
drogue, le sexe, le talent, les gens les plus divers se mélangeait, donnant lieu à un cocktail explosif
d’histoires et d’aventures les plus folles.
Je trouve les écrits de Cookie Mueller beaucoup plus raisonnables que la vie qu’elle a menée.
Je la trouve même lucide par rapport au monde qu’elle côtoie.
L’écrivaine connaît bien cette jungle new-yorkaise qui mélange les futures stars, « les wanna be’s »
aux éternels losers.
Les situations les plus pathétiques sont racontées avec humour et distance.
Cookie a vécu selon ses envies, sans se soucier du lendemain.
Elle en paiera le prix
Son écriture témoigne de son positivisme, son énergie débordante et sa curiosité insatiable pour le
monde qui l’entoure malgré la fin tragique qu’elle connaîtra comme la moitié de ses amis décimés par
le sida.
Pour ceux et celles qui, comme moi, sont amoureux des années 70, que je n’ai pas vécues puisque
je ne suis née qu’en 72, je recommande vivement ce livre qui donne à voir l’histoire d’une époque où
tout était permis, où tout était possible.